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Nous autres humains avons un talent naturel pour l’élimination des obstacles : quand quelque chose – ou quelqu’un – a un problème, nous adorons chercher à le résoudre. Or, Internet est une mine d’informations facilement accessibles et idéales quand il s’agit d’essayer de satisfaire notre curiosité insatiable. Il n’est donc pas surprenant que nous nous tournions vers notre vieil ami le docteur Google pour effectuer des recherches sur notre état de santé et nous autodiagnostiquer. Cette pratique s’est d’ailleurs tellement normalisée que, selon un sondage américain, 89 % des gens ont déjà consulté Google avant d’aller voir un médecin
Extrêmement sociables, nous sommes en quête d’appartenance et d’acceptation, nous rapprochant des personnes qui ont la même mentalité que nous – surtout à l’adolescence. Alors que suivre les tendances permet justement d’afficher une certaine forme de solidarité, l’une des plus récentes d’entre elles consiste à partager ses expériences en matière de santé mentale sur les réseaux sociaux, transformant des plateformes comme TikTok et Instagram en centres de diagnostic virtuels. Compte tenu de la vulnérabilité des personnes concernées, comment partager ouvertement des renseignements très personnels avec des milliers d’inconnus en ligne est-il devenu monnaie courante ? Quels sont les risques et les avantages éventuels ?
Les origines de la thérapie sur les réseaux sociaux
Les effets des réseaux sociaux sur les conseils en santé mentale
Les influenceurs, malgré leur grand nombre d’abonnés, n’ont souvent pas l’expertise nécessaire pour offrir des conseils en santé mentale. En outre, même s’ils sont animés des meilleures intentions, il n’en demeure pas moins que leur objectif principal est d’accroître leur visibilité en dialoguant avec leur communauté. En outre, leur contenu sur le sujet peut être influencé par des parrainages, des contrats publicitaires ou des motifs personnels, risquant de causer plus de mal que de bien.
Bon exemple de ce phénomène, la youtubeuse Tricia Paytas s’est diagnostiqué elle-même un trouble dissociatif de l’identité (TDI), diffusant de fausses informations et discréditant par la même occasion les personnes véritablement atteintes.
Cela étant dit, l’existence d’un espace public où l’on peut parler ouvertement de santé mentale contribue à réduire la stigmatisation autour de cette question, aidant les personnes concernées à se sentir moins seules dans leur lutte psychologique. Toutefois, les risques l’emportent souvent sur les bénéfices, en particulier lorsque des conseils amateurs entraînent une erreur de diagnostic puis un préjudice.
Les risques d’erreurs de diagnostic en santé mentale
Les jeunes cherchent parfois tant à comprendre leurs émotions qu’ils intègrent à leur réflexion un ou deux aspects d’un problème de santé mentale particulier discuté sur les réseaux sociaux, puis adaptent le reste de leurs « symptômes » pour les faire correspondre au diagnostic proposé. Les utilisateurs qui ne parviennent pas à établir de correspondance parfaite avec ce diagnostic peuvent alors se demander ce qui ne va pas chez eux ou adopter, dans leur volonté de reconnaissance, des comportements en ligne comme le sadfishing – qui consiste à publier des histoires personnelles dramatiques ou émotives pour attirer l’attention.
Certains utilisateurs peuvent cerner correctement quelques symptômes psychologiques, sans pour autant reconnaître les signes d’une maladie plus grave, tandis que d’autres peuvent refuser de consulter un professionnel, pensant que les conseils prodigués par un internaute quelconque ou leur influenceur préféré suffisent amplement. Inversement, les utilisateurs non avertis peuvent accuser ceux ayant reçu un diagnostic médical ou présentant de véritables symptômes de réclamer de l’attention à tort, ce qui nuit souvent encore davantage aux personnes déjà vulnérables.
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La santé mentale et ses pseudodiagnostics en vogue
La publication de mèmes idéalisés concernant ces maladies graves est appelée « beautiful suffering » (belle souffrance) par la professionnelle de la santé mentale Aditi Verma. Tout contenu de ce type peut minimiser la gravité d’une maladie mentale et nier les difficultés rencontrées par les personnes diagnostiquées.
Les bénéfices de la thérapie sur les réseaux sociaux
- améliorer l’accessibilité des renseignements;
- accroître la sensibilisation et l’empathie;
- encourager une certaine acceptation dans différents milieux, comme à l’école, au travail et à la maison;
- créer un climat plus détendu pour aborder des sujets potentiellement effrayants;
- donner un sentiment de solidarité aux personnes malades.
En outre, la capacité des réseaux sociaux à façonner le comportement et l’opinion à grande échelle amène davantage de personnes à prendre conscience de l’importance de privilégier leur bien-être, ce qui fait désormais partie intégrante de toute réflexion sur de nombreux aspects du quotidien.
De façon générale, les conseils d’internautes en santé mentale devraient être utilisés à des fins de sensibilisation et d’information, servant de point de départ à des recherches supplémentaires ou constituant une forme de soutien pour les personnes diagnostiquées. D’ailleurs, de nombreux influenceurs montrent un comportement responsable, comme la tiktokeuse Kalista Dwyer, qui a elle-même des problèmes et publie du contenu sur le sujet de manière réfléchie et intentionnelle, prenant soin de consulter des professionnels agréés pour s’assurer de ne pas donner de conseils cliniques.
De nombreux réseaux sociaux ont commencé à reconnaître leur impact sur la santé mentale, lançant des fonctionnalités dédiées. TikTok a ainsi renforcé ses règles en matière de contenu et ses mesures d’intervention en cas de recherches inquiétantes, redirigeant les utilisateurs désireux de regarder des vidéos potentiellement dangereuses vers des services de soutien locaux et élaborant un guide sur le bien-être pour parler à autrui de santé mentale et de bien-être en ligne. De la même manière, Pinterest propose Havens, dont le contenu sélectionné avec soin est axé sur la santé mentale et le bien-être. Mais est-ce suffisant ?
La relation entre réseaux sociaux et santé mentale est complexe. Bien que ces plateformes puissent présenter des bénéfices lorsqu’elles sont utilisées de manière sûre et responsable pour mieux sensibiliser aux maladies mentales et réduire la stigmatisation souvent associée, elles doivent compléter une prise en charge professionnelle plutôt que la remplacer.